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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/77

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des marques très-régulières sur le menton, les joues, le front et le nez ; de sorte que sa barbe, qui d’ailleurs aurait été très-épaisse, ne consistait qu’en quelques poils épars. Cet homme, qui s’appelait Tringho-Ouaya, semblait avoir de l’autorité sur les autres : jusqu’alors nous n’avions observé aucune supériorité entre ceux qui étaient venus nous voir. Ils préféraient les chemises, et surtout les bouteilles à toutes nos autres marchandises : c’est peut-être parce qu’ils n’ont de vase, pour renfermer des liquides, qu’une petite calebasse ou gourde, qui croît seulement sur l’île du nord, et qui est extrêmement rare chez les habitans du canal de la Reine Charlotte. Ils savaient bien cependant ne pas faire de marchés désavantageux ; ils mettaient le plus haut prix à la moindre bagatelle qu’ils offraient en vente ; mais ils ne s’offensaient pas si nous refusions d’acheter. Quelques-uns qui étaient de bonne humeur, nous donnèrent le spectacle d’un heiva, ou d’une danse sur le gaillard d’arrière. Placés de file, ils se dépouillèrent de leurs vêtemens supérieurs : l’un d’eux chanta d’une manière grossière, et le reste accompagna les gestes qu’il faisait ; ils étendaient leurs bras et frappaient alternativement du pied contre terre avec des contorsions de frénétiques : ils répétaient en chœur les derniers mots, et nous y distinguions aisément une sorte de mètre ; mais je ne suis pas sûr qu’il y eût de la rime ; la musique était très-sauvage et peu variée. Le soir ils retour-