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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/244

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je n’eus que le temps d’en atteindre le pied. Après avoir fait environ trois milles, je ne vis aucun changement dans l’aspect des collines les plus basses, qui produisent en abondance l’euphorbia canariensis : on est surpris que cette plante, grosse et pleine de suc, croisse si bien sur une terre si brûlée. Lorsqu’on la brise, il en sort une quantité considérable de suc ; et l’on pourrait supposer que, quand elle est sèche, elle doit se trouver réduite à rien : cependant quoique le bois en soit mou et léger, il est assez fort. Les habitans croient que le suc de cette plante est corrosif ; je leur démontrai avec beaucoup de peine qu’ils se trompaient. J’insérai un de mes doigts dans cette plante, et, ma peau n’étant point altérée, ils convinrent que j’avais raison. Ils coupent l’euphorbe, la laissent sécher, et la brûlent ensuite. Je ne rencontrai d’ailleurs dans cette vallée que deux ou trois espèces d’arbrisseaux, et un petit nombre de figuiers.

» Une roche compacte, bleuâtre, et mêlée de quelques particules brillantes, sert de base aux collines ; on voit dispersées sur la surface, de grosses masses d’une terre ou d’une pierre rouge et friable. Je trouvai souvent aussi la même substance disposée en couches épaisses ; le peu de terre répandu çà et là était un terreau noirâtre. On rencontrait aussi quelques morceaux d’une autre substance, dont la pesanteur et la surface polie me firent croire qu’elle était entièrement métallique.