Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posées que de rochers et de montagnes inaccessibles contribuent à la richesse du pays par leurs carrières et leurs mines. Dans les unes on trouve de très-belles pierres, avantage rare aux Indes ; les autres ont des mines d’or, de cuivre et d’étain. La province de Toradja fournit seule une assez grande quantité de poudre d’or; et lorsque les ravines qui se précipitent des montagnes de Mamadja ont achevé de s’écrouler, on en découvre souvent de petits lingots dans les vallées : on raconte même qu’on y en a trouvé de la grosseur du bras.

Les terres de l’île de Célèbes sont remplies d’ébéniers, de bois de calambac[1], de sandal, et de quelques espèces qui servent à teindre en vert et en écarlate ; teinture si vive et si brillante, qu’elle efface la plupart des nôtres. Le bois de charpente et de menuiserie, plus commun que le bois à brûler ne l’est en Europe, met les habitans en état de construire des bâtimens de mer à meilleur marché qu’en aucun port. Leurs bambous sont si durs et si solides, qu’ils en font non-seulement des cabanes, mais de petits bateaux et des flèches. Il n’y a point de contrée dans les Indes où cette espèce de roseau croisse mieux. Au lieu d’un pied de diamètre, qui est sa grosseur commune, il en a souvent plus de trois dans l’île de Célèbes ; et comme il est naturellement creux, les Macassarois en font des tambours

  1. Agallochum præstantissimum.