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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 4.djvu/356

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Pintados. Il y trouva vingt-neuf Palaos ; c’est le nom qu’il donne aussi aux habitans des îles nouvellement découvertes. Les vents d’est qui règnent sur ces mers depuis le mois de décembre jusqu’au mois de mai les avaient jetés à trois cents lieues de leurs îles, dans la baie de cette bourgade, qui se nomme Guivam. Ils s’étaient embarqués dans leur patrie, sur deux barques, au nombre de trente-cinq, pour passer dans une île voisine. Un vent impétueux les avait emportés en haute mer. Tous leurs efforts n’ayant pu les rapprocher de terre, ils avaient vogué au gré des vents pendant soixante-dix jours, avec si peu de provisions, qu’ils avaient souffert long-temps la faim et la soif. Enfin ils s’étaient trouvés à la vue de l’île de Samar. Un Guivamois qui était au bord de la mer les avait aperçus, et jugeant à la forme de leurs bâtimens qu’ils étaient étrangers, il les avait exhortés par des signes à passer par le canal qu’il leur montrait, pour éviter des bancs de sable et des écueils sur lesquels ils allaient échouer. Ces malheureux, effrayés de voir un inconnu, s’étaient efforcés de retourner vers la haute mer ; mais le vent n’avait pas cessé de les repousser au rivage. Alors le Guivamois, touché de compassion pour leur perte qu’il voyait infaillible, s’était jeté à la mer, et n’avait pas balancé à s’avancer à la nage vers les deux barques pour s’en faire le pilote. Ceux qu’il voulait secourir avaient mal expliqué ses intentions. Dans leur crainte, les