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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/154

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un cachot, et nous arrivâmes le lendemain à Pungor.

» Trois jours après nous parûmes devant le broquen, dans une grande salle où nous le trouvâmes assis sous un dais fort riche, environné de six huissiers avec leurs masses, et de plusieurs gardes qui portaient de longues pertuisanes damasquinées d’or et d’argent. Il nous fit diverses questions auxquelles nous répondîmes avec autant de bonne foi que d’humilité. Notre infortune le toucha si vivement, malgré quelques apparences de sévérité, qu’ayant recueilli nos réponses, il y mêla des réflexions favorables, par lesquelles il combattit les fausses idées que quelques Chinois avaient fait prendre de nous. Cependant nous continuâmes d’être resserrés pendant deux mois. Le roi, faisant gloire de son zèle pour la justice, envoya secrètement un homme de confiance, qui, prenant avec nous la qualité de marchand étranger, employa beaucoup d’adresse à nous faire confesser notre profession, et la vérité de nos desseins. Mais nos explications furent si simples et les témoignages de notre douleur si naturels, que cet espion en parut attendri jusqu’à nous faire un présent de trente taëls et de six sacs de riz. Il y a beaucoup d’apparence qu’il en avait reçu l’ordre du roi ; et nous apprîmes du geôlier que ce prince était résolu de nous rendre la liberté.

» Nous étions dans cette douce espérance lorsque l’arrivée d’un corsaire chinois, à qui