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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/120

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ble ; les mathématiciens observèrent seulement que le pays par lequel ils avaient passé serait un des plus beaux pays du monde, s’il était entre les mains d’une nation qui sût profiter de ses avantages. Le Ménam, depuis Tchainatbourie jusqu’à son embouchure, c’est-à-dire l’espace de quatre-vingts ou cent lieues marines, promène ses eaux dans une plaine la plus unie et la plus fertile qu’on puisse se représenter ; ses rives sont agréables et très-peuplées ; mais si l’on s’en écarte d’une lieue, on entre dans des déserts où l’on voyage avec autant d’incommodité que de danger. Tout y manque, et lorsqu’on arrive à quelque village, il faut penser à se bâtir une loge pour y passer la nuit à couvert sur la terre nue. Près de la mine les mathématiciens furent obligés de camper au milieu des bois, et de mettre le feu, suivant l’usage du pays, aux grandes herbes sèches dont la plaine voisine était remplie, pour donner la chasse aux bêtes féroces qui sortent de leurs repaires pendant la nuit. Un mandarin prudent se fit dresser une cabane entre les branches d’un arbre. On ne laissa pas d’entendre quatre tigres qui vinrent jeter des cris lugubres autour du petit camp, et qui ne se retirèrent qu’après avoir été effrayés par quelques coups de fusil.

Tachard s’étend avec reconnaissance sur les faveurs que le roi de Siam avait accordées depuis peu au christianisme. Outre le collége de messieurs des Missions étrangères, qui avaient