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Page:La Maquerelle de Londres, 1750.djvu/47

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êtes témoins de mon amour pour lui, nonobſtant ſa cruauté, pour laquelle je vous demande humblement pardon, parce qu’il l’a fait par un excés de rage, & qu’il l’a exercée ſur celle qu’il croyoit infidèle.” Alors élévant ſa voix beaucoup plus fort, elle appelle ſon mari, diſant : „Deſcendés, mon amour, & voyés & ſoyés convaincû d’avoir fait une ſi grande injuſtice à votre fidele Epouſe.”

Le vieillard, qui ne dormoit pas dans ſon lit, & qui avoit entendu tout ceci, ne ſçût qu’en penſer. Il étoit ſûr d’avoir coupé ſon nez, & de lui avoir jetté au viſage ; mais il n’étoit pas aſſés credule pour croire, qu’il fût remis, & s’imagina au contraire, que c’étoit quelque tour, qu’elle vouloit lui jouer pour être relâchée. Quoiqu’il en fût, puisqu’elle l’appelloit pour voir & ſe convaincre lui-même, il prit la reſolution de voir la verité du fait ; pour cet effet il deſcendit avec une chandelle, qu’il approcha d’elle, & l’apperçut, que ſon viſage étoit ſain & entier, de ce dont il fût ſi ſurpris & confondu, qu’il commença à craindre,