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Page:La Maquerelle de Londres, 1750.djvu/84

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qu’il ne l’aimeroit pas, qu’elle ſoupiroit après lui jour & nuit, faute de ſa compagnie. Mais vous avés, ajoutoit-elle, une femme, que vous aimés plus que moi ; il eſt vrai, que je vous l’avois dit d’abord, & vous m’avés repondit, que vous m’aimeriés d’avantage ; & j’ai été aſſés ſimple pour vous croire ; car ſi vous m’aviés la mieux aimé, vous n’auriés pas été ſi longtems abſent de moi. Je ſui ſûre, que ſi j’avois pû aller auprès de vous, je ne me ſerois pas abſentée ſi longtems de vous. Alors elle ſe mit à pleurer d’une maniére, qui touchâ tellement notre petit Maître amoureux, qu’il ſe mit à l’embraſſer & à la baiſer tendrement, en lui faiſant les plus belles promeſſes du monde, maudiſant ſa femme, la donnant à tous les D---, & aſſurant ſa Maîtreſſe, qu’il n’aimeroit qu’elle. L’ayant ainſi même à ſon but, elle l’embraſſa de nouveau, & dit : „He bien, mon cher cœur ! s’il eſt ſûr, que vous m’aimés, je ſerai toujours votre amie ; mais montrés moi ce que vous m’avés apporté : “ſi c’étoit un bon nombre de Guinées, alors elle étoit contente ; & ſi cela manquoit, elle étoit de mauvaiſe humeur.