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Mais le développement des pêcheries de sardines ne se fit pas sans des hauts et des bas. Deux causes contribuèrent surtout à faire varier les rendements : les différentes guerres maritimes et l’absence ou l’irrégularité des passages de la sardine.

Déjà, en 1745, l’on se servait beaucoup de la « gueldre » ou « menusse », concurremment, d’ailleurs, avec la rogue. Cet appât soulevait de nombreuses récriminations. On lui reprochait de détruire le poisson à venir et de corrompre la sardine pêchée qui fermentait et crevait les barils.

Après la guerre de la succession d’Autriche, en 1748, la pêche de la sardine connut de beaux jours. Des établissements considérables se formèrent en Bretagne, sa production dépassa, de beaucoup, les besoins de la consommation française. Le seul port de Port-Louis exporte, l’année 1749, à destination du Languedoc, près de 17, 000 petits barils. Concarneau, Audierne, Douarnenez, Camaret et autres ports en auraient fourni autant. Après cette période heureuse, la pêche fut nulle dans tous les ports, la sardine avait abandonné les côtes.

De plus, la guerre de Sept ans, de 1756 à 1763, porte un grand préjudice à la pêche qui ne reprit son essor qu’après le traité de Paris. En 1767, les ports de Douarnenez et Audierne, surtout, ont vu s’accroître leur importance ; c’est à cette époque que des industriels, désignés sous le nom de « fabriqueurs de sardines », se sont occupés de saumurer le poisson.

En 1780, on comptait 22 presses de sardines de la rivière d’Etel à celle de Quimperlé ; à Concarneau, 22 autres.

La concurrence étrangère était venue, dans l’intervalle, offrir ses produits dans notre pays. Les Anglais, notamment, débarquaient de la sardine pressée et les marchands languedociens sollicitaient la permission de « tirer » des sardines d’Espagne. Des arrêts probhibitifs étant établis, les pêcheurs bretons réclamaient leur stricte observance.

À la veille de la Révolution, la jauge des bateaux sardi-