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Page:La Revue du Mois, tome 0, 1905.djvu/6

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LA REVUE DU MOIS

vantes : un grand caractère, une haute valeur professionnelle, une activité physique considérable.

Le caractère est la qualité maîtresse de l’homme de guerre : celui qui prend une décision, même imparfaite, et possède l’énergie nécessaire pour en poursuivre, jusqu’au bout, la réalisation, est meilleur général qu’un autre dont les conceptions sont plus élevées et plus adéquates à la situation, mais à qui la volonté défaille au cours de l’exécution. C’est une vérité élémentaire qu’à la guerre, la ténacité a quelquefois remplacé le génie.

L’activité intellectuelle ne se conçoit pas en dehors d’une santé parfaite : les défaillances physiques de Napoléon lui-même eurent des conséquences déplorables sur la direction qu’il imprima à certaines opérations militaires.

Le caractère trouve rarement à se manifester dans sa plénitude en temps de paix où les crises n’offrent jamais une bien grande gravité et sont d’autre nature qu’à la guerre : il en résulte que ce sont surtout la valeur professionnelle et la résistance physique qui nous servent à baser un jugement sur notre haut commandement.

On remarquera, d’ailleurs, que si la fermeté du caractère n’a pas de répercussion nécessaire sur la valeur professionnelle, l’habitude de prendre des décisions justes, au contraire, en inspirant confiance en soi à celui qui les prend, réagit, naturellement et en bien, sur le caractère.

La base de notre appréciation, pour n’être pas absolument ferme, ne manque donc pas de solidité.

Pour quiconque a déjà assisté à des manœuvres de quelque envergure, il n’est pas douteux qu’à part certaines personnalités dont les noms sont connus de tous, nous n’avons pas de haut commandement vraiment digne de ce nom.

L’activité physique de la plupart de nos généraux est d’une insuffisance notoire : quant aux allocutions dénommées critiques qui clôturent les journées de manœuvre, elles sont généralement capables de frapper, par leur faiblesse, les auditeurs militaires les moins idoines.

L’orateur révèle inexorablement l’étroitesse de ses vues