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Page:La Revue du Mois, tome 0, 1905.djvu/8

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LA REVUE DU MOIS

porte à croire que l’inexpérience réelle de ce prince fut grandement compensée par la sagesse de ses conseillers.

Il n’est pas jusqu’à Bonaparte qui n’ait été considéré comme un grand capitaine spontanément issu de l’orage où se débattaient et allaient sombrer les armées révolutionnaires.

Dans son Education militaire de Napoléon, le capitaine Colin, de la section historique du Ministère de la Guerre, a savamment fait justice de cette légende. Il a montré que les chefs d’armée parvenus à quelque réputation ne se sont point improvisés et qu’ils durent, en grande partie, leur supériorité à un long et opiniâtre labeur.

On a dit aussi, et l’on dit encore, que la guerre est la seule véritable école de la guerre.

Il ne saurait être contesté que l’expérience vécue doive être préférée à toute autre ; malheureusement — ou mieux, par bonheur — les conflits armés sont fort rares de nos jours, ce qui diminue singulièrement les occasions qu’ont les militaires de devenir gens expérimentés.

Au surplus, ils étaient déjà peu fréquents au siècle passé et cependant on y a pu voir une armée prussienne renverser, par des procédés de guerre incontestablement supérieurs à ceux de ses adversaires, la puissance militaire des deux principaux empires de l’Europe.

Or, cette armée prussienne venait de traverser une période pacifique longue d’un demi-siècle pendant laquelle ses ennemis, au contraire, avaient fait plusieurs campagnes.

Il n’est donc pas absolument nécessaire de faire la guerre pour s’exercer à la bien conduire.

Les moyens d’éducation employés par les Prussiens pour arriver aux résultats, extraordinaires on peut le dire, qu’ils ont obtenus méritent, par conséquent, toute notre attention.

Dès 1808, ils avaient trouvé le secret de préparer la guerre, en formant un haut commandement sans avoir à recourir à la guerre même.