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Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/18

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dont la préoccupation constante a été de laisser se développer librement l’initiative individuelle. C’est le dernier des gouverneurs que notre presse démocratique eût dû attaquer… et qu’elle n’eût pas attaqué si elle l’eût mieux connu.

Nous verrons bientôt ses actes prouver mieux ses intentions que nos paroles ne pourraient le faire. Ses idées, exprimées avec une rude franchise, et mises en pratique, ont valu à M. de la Roncière les haines vigoureuses de tout ce qui porte plume, et, sous prétexte de colonisation, passe sa vie à noircir des imprimés, et à préparer des arrêtés qui doivent être exécutés à trois, quatre et six mille lieues de distance… M. de la Roncière ne s’est jamais gêné pour leur dire : Vous n’entendez rien à votre besogne, et c’est pitié que de vous voir, du quatrième étage du ministère de la marine, diriger des colonies où vous n’avez jamais mis les pieds, et des gens dont vous ne connaissez même pas la couleur de la peau. Vos arrêtés sont inexécutables, n’attendez pas de moi que je les applique.

Un jour M. de la Roncière commandait à St-Pierre et Miquelon : le Prince voyageur vient à passer par là ; il lui fait toucher du doigt toutes les mesquineries, toutes les petitesses d’esprit de cette administration. Le Prince s’en retourne frappé et raconte tout à l’Empereur, qui, paraît-il, fait à son tour des observations… Grande colère, grand émoi parmi les membres de la gent emplumée, grosses rancunes amassées, tout cela se paiera plus tard.

Je le dis franchement, et c’est l’opinion de tous les gens désintéressés qui ont habité les colonies : l’administration du commissariat colonial de la marine épuise, abâtardit ces contrées. Je n’ai pas le loisir de traiter cette question. Un petit fait cependant pour démontrer à quelle puérilité de réglementation les services coloniaux sont soumis.