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Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/32

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l’esprit libéral et démocratique que vous lui prêtez, il n’aurait dû au moins se servir qu’à titre d’exception, et seulement dans un cas grave, de cette autorité si peu d’accord avec ses idées !

Je répondrai d’abord que Longomazino et Boyer n’étaient magistrats que par la grâce et la nomination de M. de la Roncière, qu’à cette époque la magistrature de Taïti était un corps purement local qui se recrutait parmi les fonctionnaires, et que le gouverneur, chef suprême de l’administration judiciaire, restait toujours le maître de confier les fonctions de juge aux plus dignes, aux plus instruits. Il ne s’agit donc plus que de savoir si MM. Boyer et Longomazino ont mérité leur destitution.

Nous avons dit que les ennemis de M. de la Roncière avaient commencé une lutte sourde de délations et de calomnies. Un procès de la plantation d’Atimaouo, compagnie Soarès de Londres, tristement célèbre par son dénoûment judiciaire, réunit toutes les haines et les fit éclater au grand jour.

Et d’abord qu’est-ce que c’est que la plantation d’Atimaouo ?

Sur la fin de l’administration de M. de la Richerie, prédécesseur de M. de la Roncière, un Anglais voyageur, M. William Steward, passait à Taïti. Séduit par la beauté des sites et du climat, par l’abondance des cours d’eau, il conçoit la pensée d’établir dans cette île une de ces immenses plantations de coton que ses compatriotes ont le talent de fonder dans toutes les parties du monde que l’or intelligemment employé peut féconder. Il retourne à Londres, et fait part de ses projets à un de ses amis, M. Auguste Soarès, qui, avec la compréhension vive que les Anglais ont en affaire, met immédiatement quelques millions à sa disposition pour l’exploitation de son idée.

En arrivant à Taïti, M. de la Roncière comprend que la fon-