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Page:La Vérité sur Tahiti - Affaire de la Roncière.djvu/37

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à 17000 fr. qu’il reconnaît devoir. Puis exhibant le billet de 92000 fr., souscrit par William Steward à Keane, il demande que ce billet, souscrit à six mois, soit rendu exigible de suite, et que les 17000 fr. qu’il reconnaît devoir se compensent avec pareille somme défalquée de ce billet de 92000 fr.

Devant un tribunal français, il eût fallu cinq minutes pour faire justice d’aussi scandaleuses prétentions. Le juge impérial Longomazino les accueillit dans leur entier !!!

C’est en vain que l’avocat de William Steward répondit :

1° Les 17000 fr. que vous, James Steward, reconnaissez devoir, sont exigibles de suite ; le billet de 92000 fr. que Keane vous a cédé n’est exigible que dans six mois.

2° Ces 17000 fr. sont payables à Taïti ; ces 92000 fr. seront payables dans six mois à Aukland, île de la Nouvelle-Zélande, chez les banquiers Owen et Graham.

3° La loi exige, pour que deux dettes se compensent, qu’elles soient exigibles à la même date et payables sur la même place. — Ces deux conditions vous font défaut, toute compensation est donc impossible.

4° Qui doit à terme ne doit rien, dit l’axiome légal, et nulle puissance au monde ne peut rendre exigible de suite un billet payable à six mois.

5° Ce billet n’est pas souscrit à vous, James Steward, vous l’avez reçu de Keane. Vous ne pouvez pas changer la nature de l’obligation, du contrat intervenu entre William Steward et Keane. Si le délai de ce billet vous paraissait trop long, qui donc vous a forcé de l’accepter en paiement ?

6° Autre monstruosité : vous devez 17000 fr. aux actionnaires de la plantation d’Atimaouo, pour marchandises apportées à vous par les navires de la plantation. Comment voulez-vous que cette dette due à une compagnie puisse se