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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/123

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

major (celui qui a la clef de l’appartement) multipliait ses visites. Sous des prétextes bêtes, il se faisait voiturer dix fois par jour avenue des Champs-Élysées. Jeanne n’en finissait plus de lui ouvrir la porte.

— Est-ce que madame est visible ?… j’ai quelque chose à lui communiquer.

Parfois, Cécilia le recevait sans déguiser sa mauvaise humeur.

— Que signifient ces visites ? Est-ce que vous m’espionnez ? Vous savez, mon cher, que je n’admets pas…

— Oh, mignonne, pouvez-vous penser !… C’est un collier de perles, vous savez, alors j’ai pensé, oui, j’ai décidé d’avoir votre avis avant de vous l’offrir…

Monsieur dévalise les bijoutiers.

Mais Cécilia ne le reçoit pas toujours ; quand elle est en conférence, dans sa chambre à coucher, avec quelque représentant de la grosse artillerie, le bonhomme reste au salon et il attend. Il attend des heures quelquefois, étalé au fond d’un divan, les mains croisées sur le ventre, cependant que Cécilia se perd en de nombreuses dissertations sur la vanité des théories de Malthus.