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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Mais je suis souvent à la maison, et alors, le bonhomme m’accapare ; il resterait toute la journée à bavarder en suçant des boules de gomme, si Cécilia ne venait interrompre nos profondes conversations.

Les premières fois, je ne me doutais de rien ; le vieux venait une fois, deux fois par jour ; il restait un moment au salon, puis Cécilia l’expédiait. Mais peu à peu, ses visites augmentent, et dès le seuil, il me réclame, puisque Cécilia le fait attendre.

Et je ne doute plus, maintenant. Ce n’est pas pour Cécilia qu’il vient si souvent, ce vieux monsieur qui pourrait être mon grand-père ; c’est pour Juju ; pour sa petite Juju chérie.

Il m’apporte des sacs de pralines, des bagues cachées dans un sachet de parfum, des pendants d’oreilles… L’autre jour, il m’a donné une montre, une jolie petite montre toute mignonne, sertie de rubis et d’opales et surmontée d’une agrafe en brillants.

Dès qu’il arrive, il me prend les mains et les caresse avec ses lèvres. Cela me donne un frisson drôle comme si je sentais le contact visqueux d’un mollusque. Puis il s’enhardit ;