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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/157

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

voit toujours un derrière les filles en cheveux ; j’entends le « monsieur » qui casque, le « miché » ; les autres, les amis, ça ne compte pas.

Et voilà ; je retournerai demain au Luxembourg…

Je ne suis plus seule ; j’ai des amies, des collègues si vous voulez. Ah ! elles ont vite connu que je faisais le truc, moi aussi, et elles ne se gênent pas avec moi. Nous passons beaucoup de temps dans un petit café, rue Vaugirard, tout près de l’Odéon ; c’est là notre quartier général, notre lieu de rendez-vous. Le matin, il n’y a personne. Toutes ces demoiselles se lèvent à midi ; dès deux heures, le café s’emplit ; on joue aux cartes, aux dames, au jaquet ; on boit du café noir et on fume des cigarettes. De temps en temps, l’une ou l’autre sort pour « voir si y a moyen » et elle rentre au bout de dix minutes, jurant que tous les lapins ont la queue gelée de ce temps-ci.

Chose curieuse, il ne vient point d’hommes dans notre café. Quelquefois, un « ami » de ces dames frappe contre les carreaux. Alors, ce sont des cris :

— Jeanne, Raymonde, va voir, c’est ton mec.