Aller au contenu

Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

La fille sort, donne des sous au type, et rentre. Il faut croire que c’est un principe de la maison…« Pas d’hommes», sur l’air du Petit Duc.

Les premiers jours, je dus subir l’assaut de toutes ces dames et satisfaire des curiosités insatiables. Elles s’extasiaient :

— Alors, bien vrai, vous avez été chez un grand-duc, un vrai grand-duc ? C’te blague !

Je dus montrer mon certificat pour convaincre les plus incrédules. Et on voulait savoir si « ça » me disait, si « j’y allais de mon voyage » à chaque coup. Ah ! j’en ai appris de belles, depuis quelques jours. Ce qui m’étonne, c’est que toutes ces femmes ont, comme moi, une répulsion, un dégoût de l’étreinte ; plus souvent qu’elles jouissent ! Mais elles font semblant, pour que le miché ne crie pas et soit généreux.

— Faut bien lui donner l’illusion, au moins, pas vrai !

Toutes ces dames attendent avec une foi naïve la venue du prince Charmant qui les comblera d’or, de diamants et de perles, qui les vêtira de brocarts et de soies, qui leur bâtira un palais magnifique en marbre et en