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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/170

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

qui geignent quelquefois comme des enfants contrariés. Tout ce monde, ce sera mon domaine, ma famille, mes enfants ; je sens s’éveiller en moi tous les instincts de maternité qui couvent et que je dépenserai à pleines mains pour mes malades.

Oui, grands enfants que je vais voir, oui, je vous soignerai bien, j’aurai pour vous toutes les attentions, tous les sourires, toutes les caresses. Vous verrez, vous verrez, elle va vous aimer tout de suite et elle vous dorlotera, et vous serez bien sages et vous l’aimerez bien aussi, n’est-ce pas, la fille de salle, l’ancienne putain ?…

Ouf, la journée est finie ; je suis lasse ; mes reins me font un peu mal, par défaut d’habitude, mais je suis si contente.

Il est dix heures. Quelques camarades ronflent déjà dans le grand dortoir où s’alignent vingt lits ; à côté, dans les autres pièces, on entend des voix, les conversations des infirmières qui rentrent et qui babillent un peu avant de s’endormir. Au-dessous, l’hôpital tout entier repose, plongé dans la demi-obscurité des veilleuses. Il monte une grande paix