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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/201

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

à la fin du mois, donc dans quinze jours, et je commencerai tout de suite à travailler chez nous… Georges a déjà trouvé deux ou trois vieilles dames qui ont des crampes ; à 3 francs la séance, c’est déjà quelque chose ; plus tard, quand j’aurai une clientèle, j’augmenterai mes prix ; pour commencer, il ne faut pas être trop exigeante, n’est-ce pas ?

Je languis de partir. Il me semble que nous allons commencer une vie nouvelle, après un long esclavage, une vie libre et facile, pleine de joies et d’amour… Je bâtis un tas de projets, des escapades à la campagne, le dimanche, des parties au théâtre ou au concert, une ou deux fois la semaine, et pendant les vacances, des voyages en Suisse…

Et mais oui, en Suisse, rien que ça, comme les riches… On y vit très bien en Suisse, et pas cher, quand on sait s’arranger…

Ainsi, je connais un petit endroit, tout près du lac de Genève, où nous vivrons très bien en dépensant moins qu’à Paris… Vingt francs de chambre, deux francs par jour pour la nourriture. En tout, cent francs par mois pour nous trois ; car il est évident que nous