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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/219

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

tout, n’étais-je pas assez grande pour savoir me plier aux nécessités du moment. Le grand art consistait surtout à faire semblant de tout accorder en ne donnant que le minimum, contre bonne galette, bien entendu. Fourre-toi ça dans le citron, Juju.

Bref, dix minutes après avoir quitté Louisa et le petit café, le pas était sauté. Fin de Siècle comptait une cliente de plus.

Mon Dieu, que j’ai donc été cruche de n’avoir pas su cela plus tôt ! Jamais nous n’aurions eu la misère et les privations si j’avais commencé tout de suite par la bonne méthode. Mais voilà, mademoiselle se croyait déjà quelqu’un, mademoiselle avait des scrupules, rapport à Georges, et puis, je ne savais pas !

Voilà trois jours que mon annonce est parue, et j’ai de l’or dans ma poche ; j’ai déjà dégagé plusieurs objets, j’ai regarni notre cuisine, Georges a du tabac et un chapeau…

Je me suis procuré tout un arsenal, deux cravaches à chiens, des petites cannes en jonc très mince, des paquets de verges, des courroies…