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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/220

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Mon premier client m’a causé une émotion, je l’avoue.

J’étais à la fenêtre, avant-hier, et j’attendais, les yeux perdus dans le vague. Nous avions eu une querelle, Georges et moi, au sujet d’un hareng trop salé et j’étais un peu nerveuse.

Tout à coup, on sonne. J’ouvre, et un vieux monsieur très élégant entre, son chapeau à la main.

— Mademoiselle Juliette ?

— Oui, monsieur, donnez-vous la peine…

Il s’assied sur une chaise en s’épongeant le front ; moi, je m’étais éclipsée une seconde à la cuisine, pour donner un tour de main à ma coiffure.

Je revins aussitôt. Mon client était en train de se dévêtir.

Déjà !

Mademoiselle, j’ai des crampes dans les cuisses et dans les mollets. Voilà, je suis très joueur et je demeure souvent assis toute la nuit auprès du tapis vert, de sorte que les émotions du jeu jointes à l’immobilité et à la tension nerveuse, me causent dans le bassin des troubles légers. Je voudrais être massé vigoureusement.