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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/65

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

servés pour le buffet et ils mouraient de faim, les pauvres. Et naturellement, leur première visite était pour ce salon qui était à leurs yeux bien plus intéressant que les autres, malgré les belles dames, les beaux messieurs, la Tsarine, l’Empereur et tout.

Assis entre les deux petits princes, le général se laissait bourrer de choux à la crème, cependant que des laquais raides, au visage de marbre, se succédaient en offrant des plateaux chargés des meilleures gourmandises.

Galamment, le général m’offrit une coupe de champagne frappé en me disant :

— À votre santé, mignonne !

Dame, il pouvait se permettre ça, avec ses soixante ans.

Je dûs m’interposer. Si on les avait laissé faire, les enfants se seraient rendus malades. Je fis disparaître, avec une serviette, les traces du festin qui souillaient leurs mains et leurs joues, puis, toujours précédés du général, les enfants traversèrent la grande salle pour se rendre auprès de la Tsarine.

Un immense salon éclairé par une quantité de lustres étincelants, profilait sa lointaine perspective au sommet du grand escalier ;