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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/16

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De retour chez mon père, on me demanda comment je trouvais la ville.

— Bien vilaine, répondis-je à ma mère qui m’interrogeait.

— Pourquoi donc, dit cette bonne femme.

— Oh ! répartis-je aussitôt, ces messieurs-là m’ont fait devenir toute rouge.

Qu’on juge par cet échantillon de ma simplicité. Je finis par déclarer que je n’irai plus à la ville ; mais mon père n’entendit pas cela et m’y fit retourner quelques jours après.

Mon emploi était toujours le même, l’on devinera donc aisément que j’allai chez mon vieux procureur, J’aurai fortement souhaité de n’y pas trouver son fils : mais le drôle était un rusé matois : se doutant que je reviendrais le marché suivant ; il n’avait eu garde de me manquer : mon minois l’avait attiré, et plus encore mon pucelage, contre lequel il avait pris ses mesures.

Cette fois-ci je fus plus contente de lui que la premiere fois : il se contenta de me regarder fixément, ce qui me fit baisser les yeux, tant j’étais alors Agnès. Je sortis cependant un peu plus enhardie et