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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/30

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maison d’une entrée obscure. Nous montâmes ensemble dans une chambre presque nue : une seule table, deux chaises et un petit lit en faisaient tout l’ornement. À peine fûmes-nous entrés, qu’il ferma la porte à double tour : qu’est-ce que cela signifie, mon cher ami, lui dis-je ? Pourquoi vous renfermer ainsi ? Ne suis-je pas en ta compagnie ? Cela est vrai, me répondit-il, mais je veux t’en donner une plus nombreuse. — Allons, Messieurs, s’écria-t-il aussitôt, il en est temps, paraissez. Dans le moment même je vis sortir du cabinet voisin huit drôles des mieux bâtis, entre lesquels je distinguai un soldat, un garçon perruquier et un compagnon libraire. Tout le reste m’était inconnu, par ce qu’aucun autre n’avait la livrée de leur métier. Quelle fut ma surprise quand le soldat vint me dire : allons, mon cœur, point de façons, sacrédieu, je bande comme un carme, et mort dieu, je vaux bien mon capitaine ; il me prend à l’instant dans ses bras et me jette sur le lit. Je criais en vain au secours, mon amant était sourd à ma voix ; deux de ses messieurs voulaient me tenir les mains : Oh ! que non, dit le