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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/38

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cinq heures j’allai chez sœur Prudence.

— Vous vous faites bien attendre, me dit-elle lorsqu’elle me vit venir de loin ; venez, ma chère enfant, que je vous embrasse.

Je ne m’attendais point à un pareil compliment.

— Je vous ai fait appeler, ma bonne amie, pour vous donner quelques conseils salutaires ; mais avant que je vous les donne, dites-moi franchement et sans aucun déguisement, aimez-vous ce couvent ? Ne seriez-vous pas charmée d’en être dehors ? Vous souriez : ah ! petite coquine, je devine votre réponse. Eh bien, si vous voulez réellement être ma bonne amie, ce sera moi qui vous en fera[ws 1] sortir ; mais avant cela il faut que je vous éprouve, et je serais extrêmement fâchée de vous renvoyer dans le monde sans talent ; vous paraissez avoir le fond excellent, il ne s’agit que de le cultiver ; j’en prendrai le soin avec plaisir ; venez me voir tous les jours, et je vous promets que vous serez contente de moi.

Je n’avais pas lieu de me plaindre de sœur Prudence, car elle m’avait fort bien

  1. Note de Wikisource : Il faut lire ici "ferai" et non "fera" cf. édition de 1822, p. 37 : Gallica