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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/114

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de la production littéraire d’Origène, mais qui eut pour rançon ce bavardage exégétique, cette abondance fluide et intarissable, où son talent s’est en partie gâté.

Origène affecte de s’étonner des insistances d’Ambroise. Il le prend de très haut avec Celse[1] : « Plût à Dieu, s’écrie-t-il, que tous les adversaires du christianisme fussent aussi ignorants que lui sur les faits, sur les plus simples données des Écritures ! Leurs attaques contre notre foi perdraient ainsi toute leur force de séduction, même à l’égard des esprits versatiles, même sur ceux qui ne croient que pour un temps[2]. » Il ne veut pas supposer qu’un seul fidèle puisse être ébranlé par un tel ouvrage[3]. Il admet toutefois, par hypothèse, que « dans la masse » des croyants il pourrait s’en trouver qui, s’étant laissé détourner du vrai, y reviendront après avoir lu sa réponse, et c’est ce qui le décide à l’écrire. Il lui échappe même d’avouer que certaines des objections de Celse risquent de blesser les âmes, et qu’il est opportun d’en arracher ces traits empoisonnés[4].

Il explique dans sa Préface la méthode de réfutation à laquelle, après quelques hésitations, il s’est finalement arrêté :

J’avais avancé ma réponse jusqu’à l’endroit où Celse introduit par prosopopée un Juif disputant contre Jésus (= I, 28), lorsqu’il m’a paru bon de mettre cette préface en tête de mon travail… Elle me servira d’excuse auprès de ceux qui remarqueront que j’ai composé le début de ma réfutation dans une idée différente de celle qui domine ce qui suit ce début. Je n’avais d’abord dessein que de noter les points fondamentaux [de son réquisitoire] et les réponses sommaires qu’on y pourrait

  1. Contra C., I, 49.
  2. Cf. Saint Luc, VIII, 13.
  3. Proœmium, 3 et 4.
  4. V, 1 ; cf. IV, 1.