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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/129

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de « fanfaron » (ἀλαζών)[1] et de menteur. Il va même jusqu’à contester son intégrité morale[2]. Bien mieux, il assimile le culte rendu à Jésus et les miracles accomplis en son nom au culte d’Antinoüs, le « mignon » d’Hadrien, et aux prodiges attribués à son influence[3] ! — Il marque d’une façon assez vague le rapport de la doctrine chrétienne à son fondateur. On voit mal quel était au juste le contenu de l’enseignement de Jésus : Celse traite des idées chrétiennes sans indiquer qu’il les lui attribue expressément. D’ailleurs, selon lui, les apôtres les auraient partiellement puisées chez Platon : « Quelle vraisemblance, riposte Origène, que Paul, qui fabriquait des tentes, que Pierre, pêcheur de profession, que Jean, qui laissa en place les filets de son père, aient exprimé de si sublimes idées sur Dieu pour avoir mal compris les déclarations de Platon, dans ses lettres[4] ? » — Celse n’a pas un mot de sympathie ou d’admiration pour les martyrs. Logiquement, il aurait dû les estimer. N’avait-il pas écrit : « Si vraiment on honore Dieu et que l’on reçoive l’ordre de commettre une action criminelle contre lui, ou de dire quelque chose de honteux, il ne faut rien écouter, mais endurer toutes les tortures, affronter tous les genres de mort, plutôt que de proférer, de penser même, rien qui soit contraire à la majesté divine[5]. » Or, il conteste expressément que leur sacrifice ait la moindre utilité, et il les assimile à des malfaiteurs « qui doivent en bonne justice subir le châtiment de leurs forfaits[6] ». —

  1. II, 7.
  2. I, 41-42.
  3. III, 36-38.
  4. VI, 7.
  5. VIII, 66.
  6. VIII, 54.