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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/137

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l’inspiration platonicienne dans le livre de Celse : « καὶ γὰρ ἐν πολλοῖς πλατωνίζειν θέλει[1] », remarque-t-il avec une ironie un peu peinée. Dans les quatre derniers livres de son apologie (sauf toutefois V, 3), l’accusation d’épicurisme ne reparaît plus. Sans doute en avait-il senti lui-même, après coup, le peu de vraisemblance.

On trouverait une autre excuse à ses hésitations. Il y avait eu au iie siècle un Celse épicurien, qui avait écrit contre les magiciens — celui-là même à qui Lucien de Samosate avait dédié son Alexandre[2]. Origène connaissait l’ouvrage, ou en avait entendu parler, et il se demandait s’il ne convenait pas d’identifier ce Celse, ami de Lucien, avec le Celse auquel il avait affaire[3]. Perplexité légitime, que les critiques modernes ont eux-mêmes éprouvée[4]. À certains moments, Origène paraît prêt à renoncer à cette hypothèse[5]. Il croit savoir, d’ailleurs, qu’il y a eu deux Celses épicuriens, l’un qui vivait sous Néron, l’autre « sous Hadrien et plus tard encore ». Bref, il n’est pas fixé sur l’identité du pamphlétaire, qu’il ne connaît que par son ouvrage, déjà assez ancien. Mais il ne serait pas fâché de laisser penser que c’était bien lui le Celse, disciple d’Épicure, dont une tradition assez incertaine lui livrait le nom et lui nommait la secte.

  1. « En maints passages il veut platoniser » (IV, 83) : cf. I, 32 ; VI, 17 ; VI, 47.
  2. Cf. Alexandre, § 21.
  3. I, 68.
  4. Keim, Rom und das Christentum, Berlin, 1881, p. 392, est pour l’identification : Aubé et Harnack sont du même avis ; O. Heine (Philol. Abhandl., Martin Hertz dargebracht, Berlin, 1888, p. 197 et suiv.) et E. Zeller, Philos. der Griechen, III, 2 (4e édit.), p. 231 et suiv., la combattent et sont suivis par Neumann et Koetschau.
  5. I, 68 ; IV, 36, 50.