Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VIII

D’où vient donc à Origène cette animosité ?

Il n’était pourtant pas une âme de colère, il n’avait rien d’un Tertullien ou d’un Firmicus Maternus. La tendance irénique est très marquée chez lui[1].

Éprouverait-il le dépit, vite injurieux, du polémiste qui sent que son adversaire le domine intellectuellement et que, sur le terrain de la discussion, il est battu d’avance ? Non : il se considère comme l’égal de Celse, au point de vue de la culture, et il l’est en effet :

La prétendue érudition de Celse — laquelle est bien plutôt minutie brouillonne et bavardage — l’a obligé à entrer dans ces détails [écrit-il après un long débat sur le fameux « diagramme », figure symbolique que Celse attribuait à une secte qu’il ne nommait point[2]]. J’ai voulu montrer à ceux qui liront son ouvrage et ma réponse, que je suis parfaitement au fait des connaissances dont Celse se prévaut pour calomnier les chrétiens. Les chrétiens ne pensent pas à ces choses-là, ils ne les connaissent pas. J’ai voulu, moi, m’en informer et le laisser voir, afin que des imposteurs n’osent plus se vanter d’en savoir plus que nous, dupant ainsi ceux qui se laissent conquérir par le prestige des mots.

Il rappelle ailleurs ses voyages, sa curiosité avide de se satisfaire auprès des gens compétents, ses enquêtes philosophiques, en un mot tout ce zèle scientifique qu’il appelle τὸ φιλομαθὲς ἡμῶν[3]. — Naturellement, il se jugeait autrement informé et outillé que Celse dans les questions scrip-

  1. Voy. Harnack, Texte und Untersuchungen, XLII, 3, p. 34 et suiv. ; XLII, 4, p. 58 et suiv.
  2. VI, 32 ; cf. VI, 24 et suiv., et Legge, Forerunners and rivals of Christianity, Londres, 1915, t. II, p. 66 et suiv.
  3. VI, 24 ; cf. V, 62. Pour sa connaissance des systèmes philosophiques, voy., par exemple, III, 41, 80, 81, etc.