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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/139

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turaires, dogmatiques, morales même, où celui-ci s’était présomptueusement engagé.

D’autre part, Celse, malgré la « perfidie » et la « haine » dont l’accuse Origène, n’avait tout de même pas réédité certaines calomnies qui couraient dans le populaire et dont tel lettré de son temps n’avait pas dédaigné de s’armer. Origène, qui rappelle ces rumeurs infâmes — meurtre rituel, communions sanglantes, repas s’achevant en accouplements éhontés — en attribue l’origine aux Juifs : mais il ne dit pas que Celse en ait fait état[1]. Le rhéteur Fronton avait eu moins de sens critique et de pudeur que lui.

La vivacité de la réaction d’Origène ne procède donc pas d’un amour-propre blessé, ni d’une infériorité douloureusement ressentie, ni de la révolte d’une honnêteté morale indignement outragée. Elle naît d’abord d’une sensibilité religieuse très susceptible, très ardente, que les procédés et le ton de Celse froissent au plus vif d’elle-même. Elle est suscitée sans doute aussi par d’autres causes plus secrètes, dont Origène a dû ressentir le malaise jusqu’à la souffrance.

Je voudrais essayer de démêler cette double série de motifs.

IX

À étudier l’histoire de l’origénisme, à constater à quel point certaines doctrines d’Origène devaient être pendant

  1. VI, 27, 40. Théophile, le septième évêque d’Antioche, dans son apologie en trois livres adressée vers 180 à Autolycos, présente ces méchants bruits comme très ordinairement accueillis par les gens intelligents eux-mêmes (iii, 4).