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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/158

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avoir son utilité réelle : cette recommandation, qui est de Celse, Origène y souscrit avec un empressement inaccoutumé[1]. Ils sont pourtant amenés l’un et l’autre, dans leur examen de cette question quasi insoluble, à admettre que, d’une façon tout à fait indirecte et détournée, Dieu peut être considéré comme la cause du mal[2]. Là où Origène se sépare nettement de Celse, c’est quand celui-ci suppose, sans y insister, que le mal est inhérent à la matière (ὕλῃ πρόσκειται[3]) : car Origène veut avant tout sauver la liberté humaine et, avec elle, le sentiment de la responsabilité personnelle. — Il n’admet pas davantage la théorie de Celse, d’après laquelle la somme des biens et des maux serait à peu près constante ici-bas[4]. Cet équilibre presque mécanique lui paraît peu compatible avec la notion même de Providence ; il contrarie aussi l’idée personnelle qu’il s’est formée de la bonté divine, laquelle, selon lui, doit détruire totalement le mal, à une heure donnée, pour le salut final de toutes les âmes[5]. — Sur tout le reste, il pense comme Celse.

Celui-ci professe, on l’a vu, une grande vénération pour les astres. Cette dévotion, il la partage avec nombre de ses contemporains. On sait combien était alors répandue la conviction que les astres déterminent les événements d’ici-bas, les caractères et les actions des hommes. Essences ignées comme les divinités sidérales elles-mêmes, les âmes ne devaient-elles pas monter après la mort vers ces éternels foyers pour y trouver à jamais leur habitacle ? — Origène

  1. IV, 70.
  2. VI, 55, vers la fin.
  3. IV, 65.
  4. IV, 64.
  5. IV, 69 ; cf. VIII, 72.