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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/159

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respecte ces spéculations, auxquelles l’autorité de Posidonius avait jadis prêté tant de séduction ; il attribue lui-même aux astres une sorte d’intelligence et de moralité ; il les croit capables de prier. Toutefois, il n’admet pas qu’on les adore[1].

Il s’accorde avec Celse sur l’importance du rôle que jouent les intermédiaires entre Dieu et l’homme. Seulement il réserve aux anges une partie des fonctions dont Celse suppose que les démons ont la charge, celles qui sont utiles et bienfaisantes. « C’est par eux », écrit-il[2] (et l’on remarquera cette façon presque païenne d’animer la nature), « c’est par ces administrateurs, ces gardiens invisibles, préposés aux fruits de la terre, à l’eau qui s’écoule et aux souffles de l’air, que le sol fait pousser les productions dites naturelles, que l’eau jaillit des sources et s’épanche en rivières, que l’air garde sa pureté et vivifie ceux qui le respirent. » — Origène est aussi fortement persuadé que Celse, que la magie n’est pas une science chimérique, comme Aristote et Épicure l’avaient insinué[3]. Oui, une force, une vertu mystérieuse se cache dans certains mots, dans certains noms, dans certaines formules[4]. Il arrive que cette vertu s’exerce pour le bien de l’homme : si les Mages s’acheminèrent vers Bethléem, c’est que troublés, paralysés dans leurs opérations magiques, ils cherchèrent la cause de cette perturbation, observèrent l’étoile et se laissèrent guider par elle[5]. Mais c’est une science dangereuse dont tout bon chrétien se méfie et s’abstient, sauf dans les cas limitativement pré-

  1. V, 10-11.
  2. VIII, 31.
  3. II, 51 ; cf. I, 24.
  4. V, 45.
  5. I, 59.