Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/160

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vus par l’Écriture sainte[1]. Origène en énumère les inconvénients pratiques et les dangers moraux en des termes que Celse eût certainement avoués[2].

Ces coïncidences dans leurs opinions respectives ne lui font d’ailleurs aucun plaisir ; il ne les souligne pas et se garde d’y insister. C’est au milieu de développements hostiles qu’il les faut chercher. Il est même des cas où ce dépit secret s’avive jusqu’à un véritable désarroi, qui explique peut-être certaines de ses vivacités et de ses colères.

Celse, en effet, s’était longuement égayé à propos de divers épisodes de la Bible, par exemple la formation de l’homme sous le souffle de Dieu, le serpent détournant le couple humain de la vertu d’obéissance, l’arche assez grande pour contenir des spécimens de toutes les créatures vivantes, l’inceste de Loth et de ses filles, les aventures de Joseph, Jonas dans sa baleine[3]etc. Il les traitait de « fables bonnes pour de vieilles femmes[4] ».

Les plus intelligents parmi les Juifs et les chrétiens, ajoutait-il[5], donnent à ces histoires une signification allégorique : ils ont recours à cet expédient parce qu’ils rougissent de pareils récits… Mais ceux-ci sont d’un genre tel qu’ils n’admettent pas l’allégorie… ; les prétendues interprétations allégoriques qu’on a tenté d’en donner sont encore bien plus répugnantes et plus insipides que les fables elles-mêmes, car elles trahissent un effort d’une extravagance étrange et incompréhensible, pour associer des choses qui n’ont entre elles aucune espèce de rapport.

Embarras redoutable pour Origène. N’était-il pas lui-même depuis longtemps convaincu qu’il y a dans les Écritures

  1. I, 6 ; I, 38.
  2. VIII, 61.
  3. IV, 36 et suiv. ; VI, 49 et suiv. ; VII, 53.
  4. μῦθόν τινα ὡς γραυσὶ διηγούμενου.
  5. IV, 48-49, 51, 87.