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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/166

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— Mais, écrivant contre les chrétiens pour qui Dieu, les promesses obtenues par l’intermédiaire du Christ sur les récompenses et les châtiments d’outre-tombe conditionnent d’une façon absolue leur foi, n’a-t-il pas songé qu’un chrétien qui, vaincu par ses arguments, renoncerait à sa foi, répudierait indubitablement par là même la doctrine dont Celse affirme que « ni les chrétiens ni personne ne doit se départir[1] » ?

Ses réponses à Celse ont souvent cette fermeté[2].

XII

Le péril que signale ici Origène n’est pas un argument de tactique et d’occasion. Volontiers définirait-il d’un seul mot, φιλανθρωπία[3], le trait essentiel du christianisme. Cet « amour de l’homme », il le reconnaît dans le Christ[4], dont toute l’action terrestre, ou pour mieux dire toute l’Incarnation, s’en est inspirée. Selon l’estimation d’Origène, le christianisme est avant tout un message d’amour, et ce message s’adresse à tous les hommes, sans distinction ni privilège de race, pour fomenter chez eux les énergies spirituelles dont toute civilisation a besoin. Aussi est-ce avec un respect ému et un profond enthousiasme qu’il s’en fait l’annonciateur. Il voit les difficultés, il ne prétend pas les résoudre toutes, quoiqu’il s’y emploie de son mieux. Mais elles n’affaiblissent ni n’exténuent l’immense confiance qui l’anime et qui l’aide à travailler dans la joie à préparer des temps meilleurs[5].

  1. VIII, 51. Le passage qui suit, relatif à Chrysippe et à l’humanité de sa méthode morale, comparée à celle de Celse, est fort curieux.
  2. Voy. encore IV, 63 et suiv. ; VI, 7 ; VII, 63 ; VIII, 56, etc.
  3. Ce mot était cher depuis longtemps à la philosophie grecque. Voy. Heinemann, dans Pauly-Wissowa, Suppl.-Bd. V (1931), col. 207 et suiv.
  4. I, 38.
  5. IV, 15.