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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/167

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Il n’est ni pessimiste, ni sceptique, et c’est ce qui lui assure une supériorité marquée sur Celse, lequel n’a pour lui que son esprit critique, perçant à souhait, mais stérile, et qui ne lui suffit même pas pour concevoir l’importance et la vraie nature de la révolution religieuse qui est en train de s’accomplir sous ses yeux.

Celse manque d’imagination et d’intuition psychologique. Il ne sait pénétrer ni le sens véritable des doctrines, ni l’originalité des âmes, pas plus qu’il ne réussit à vivifier le passé d’histoire et de pensée qu’il oppose à ses adversaires. Sur l’avenir même, il garde bien des illusions. Ne parle-t-il pas « d’extirper » la secte chrétienne, comme si c’eût été, dès ce temps-là, chose facile ?

Origène ne rêve pas de détruire, il rêve de civiliser. Civiliser les âmes en les améliorant ; civiliser les Barbares eux-mêmes pour les dépouiller de leur férocité et les ranger sous le joug du Christ ; constituer une immense Cité humaine où toutes les bonnes volontés trouveront abri.

Si cette Cité, que Celse juge chimérique, ne peut se réaliser sur la terre, où les liens pesants du corps assujettissent les hommes aux passions mauvaises, sans doute se réalisera-t-elle ailleurs, quand ils seront délivrés de leur dépouille charnelle, dans quelque autre univers affranchi[1] !

XIII

Un même régime mental (je ne dis pas une même température spirituelle !), mais aussi deux conceptions

  1. VIII, 72 (vers la fin).