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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/172

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« Vivant-en-chariots » ou les « Sans-maison », ni de « Ceux-qui-couchent-sous-des-tentes-pour-nourrir-des-troupeaux », chez qui, au nom du crucifié Jésus, des prières et actions de grâces ne soient adressées au Père et Auteur de l’univers.

ou encore celle de Tertullien, dans son Apologétique, qui est de 107[1] :

Si nous voulions agir, je ne dis pas en vengeurs secrets, mais en ennemis déclarés, sont-ce les effectifs, les troupes, qui nous feraient défaut ?… Nous ne sommes que d’hier, et déjà nous avons rempli la terre, et tout ce qui est à vous : les villes, les îles, les postes fortifiés, les municipes, les bourgades, les camps même, les tribus, les décuries, le sénat, le forum : nous ne vous avons laissé que vos temples.

Toute part faite à l’hyperbole, de tels cris de triomphe ne pouvaient qu’éveiller un écho douloureux chez ceux qui assistaient, impuissants, à cet envahissement des cadres de l’Empire.

III

Que la résistance n’ait pas chômé, au cours du iie siècle, jusqu’au triomphe définitif du christianisme, c’est ce que démontreront les chapitres qui suivent. Nous passerons sous silence les formidables retours de nationalisme persécuteur qui succédèrent à des périodes de paix chaque fois que, ressuscitant les antiques maximes, un empereur essayait de revivifier l’alliance de la religion et de l’État et de restituer par la force leur traditionnelle solidarité. Nous ne parlerons ni des rigueurs de Dèce, en vue de recréer l’unité religieuse de l’Empire ; ni de celles de Valérien ; ni du puissant effort poursuivi cinquante ans plus tard par

  1. § 37, 4 et s. : trad. Waltzing (retouchée).