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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/173

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Dioclétien dans le même sens. C’est à la réaction proprement intellectuelle du paganisme que nous continuerons de limiter notre enquête.

Il semble que cette réaction, tout en utilisant les moyens déjà mis en œuvre à l’époque précédente, change sur divers points de méthode et de ton.

Gaston Boissier a jeté jadis dans la Préface de sa Religion Romaine[1] une remarque dont l’étude des faits révèle la fécondité. À partir de Marc-Aurèle, écrit-il, « le paganisme essaie de se réformer sur le modèle de la religion qui le menace et qu’il combat ».

En premier lieu, beaucoup paraissent avoir soupçonné que le prodigieux succès de la foi chrétienne tenait en grande partie à ce fait qu’elle avait pour centre et pour foyer la personne de Jésus, à la vie duquel tout chrétien était sûr de participer par la vertu des sacrements. Traiter Jésus de sophiste et de « goète », c’était un piètre moyen pour défendre les masses contre la séduction que cette mystérieuse figure exerçait sur elles. N’était-il pas plus habile de dériver leur enthousiasme vers quelque autre physionomie, divine ou humaine, dont l’autorité, soigneusement mise en valeur, fût capable de balancer celle qu’exerçait le fondateur du christianisme ?

Déjà cette idée avait dû se présenter fugitivement à l’esprit de Celse : il s’était plu à opposer tour à tour au Christ Esculape, Bacchus et Hercule, mais sans convertir en système ces indications rapides. Au seuil même du iiie siècle, nous allons voir le rôle que Philostrate assigne à son Apollonius de Tyane. Apulée de Madaure, l’auteur des Méta-

  1. T. I, p. ix.