Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

morphoses, sera exalté, lui aussi, comme un thaumaturge dont les miracles défient ceux de Jésus. Et plus tard Socrate, Pythagore, Hercule, Mithra, Esculape, Attis, Hélios bénéficieront tour à tour du zèle inquiet de polémistes en quête d’un Christ païen.

Puis l’on comprit de mieux en mieux à quel point la froide sécheresse des cultes officiels était insuffisante à fournir aux âmes l’aliment dont beaucoup étaient avides. « Lorsque Celse raillait la préoccupation de rédemption et d’expiation des péchés, si forte chez les chrétiens, observe Eugène de Faye, il se trompait lourdement… Au point de vue de l’immense majorité des hommes du iie et du iiie siècle, il retardait. Jamais le besoin de pardon, d’expiation, de rédemption ne fut plus fort[1]. » À cet appétit religieux, les cultes orientaux donnaient déjà quelque apaisement. Mais la philosophie elle-même, surtout le néo-platonisme (où se recrutaient les plus clairvoyants ennemis du christianisme) se fit dévote ; elle chercha Dieu ; elle opposa à l’ascétisme chrétien une surenchère d’abstinences et de renoncements ; elle rapprit aux hommes à prier, à témoigner de leur sincérité par les œuvres[2], à faire de leur âme un habitacle divin[3] ; grâce aux quatre vertus purificatrices, la Foi, la Vérité, l’Amour, l’Espérance[4]. Qu’il y ait eu, dans cette rénovation religieuse, une large part de sincérité, qui oserait s’inscrire là-contre ? Mais qu’elle ait été, en partie, inspirée et soutenue par une tactique réfléchie, par une arrière-pensée de concurrence, il est bien difficile aussi de le contester.

  1. Rev. d’Hist. et de Philos. relig., 1927, p. 80.
  2. Porphyre, Lettre à Marcella, § 8.
  3. Ibid., § 20.
  4. Ibid., § 24.