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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/176

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barbe et ses cheveux, observait la continence, et prêchait le respect des dieux, auxquels il ne voulait point qu’on offrît de sacrifices sanglants, mais seulement des hymnes et des prières[1]. On prétendait que, se trouvant à Éphèse, il avait annoncé le meurtre de Domitien, au moment même où le tyran était frappé à Rome. On lui attribuait divers écrits, parmi lesquels une Vie de Pythagore qu’utilisa plus tard Jamblique, et des recettes magiques, des telesmata, qui circulèrent en Orient sous son nom pendant des siècles[2].

La seule mention d’Apollonius que nous trouvions au second siècle, c’est dans l’Alexandre de Lucien de Samosate qu’elle se rencontre, et elle est fort méprisante. Lucien raconte que son triste héros, Alexandre d’Abonotique, fut formé, encore enfant, par un médecin originaire de Tyane, « un de ces hommes, écrit-il, qui s’occupent de magie, de formules magiques ; qui promettent d’éveiller le désir d’amour, de changer l’humeur des ennemis, de faire découvrir des trésors et recevoir des héritages. » Or ce médecin, ajoute Lucien, « était un de ceux qui avaient profité de relations avec Apollonius de Tyane et connaissaient toute sa tragédie. Voilà de quelle école sortait l’homme dont je parle[3] ».

Peu de temps sans doute après la mort d’Apollonius, un certain Moeragénès avait écrit sur lui tout un ouvrage, les Mémorables d’Apollonius : il y mettait en relief les connaissances magiques de son personnage et il disait l’impression profonde qu’il avait faite sur plusieurs philo-

  1. Il déconseillait, en tous cas, tout sacrifice au Dieu suprême. Voir le fragment conservé par Eusèbe de Césarée, Prépar. Évang., iv, 13 et traduit par E. de Faye, Origène, sa Vie, son Œuvre, sa Pensée, t. II, p. 198.
  2. Photius, Cod. 44 ; Malalas, p. 263 ; et voir plus loin, p. 456.
  3. Alex., § 5 (éd. Teubner, 1887, p. 117).