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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/198

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Raphaël Garucci, à qui l’on en doit l’exhumation, a raconté lui-même les péripéties de son intéressante trouvaille[1]. Voici ce texte peu connu.

À l’angle occidental du mont Palatin, près de l’église Sainte-Athanasie, dans le jardin Nusiner, on découvrit, il y a quelques années, deux murs d’un appartement dont les parois étaient toutes couvertes de figures et d’inscriptions tracées avec le stylet… (Je fus mis en éveil) par quelques mots grecs tracés sur la partie du mur qui était au-dessus du terrain dont la pièce était presque entièrement remplie. Je me mis aussitôt à découvrir autant qu’il était possible la partie de la muraille qui m’était dérobée. À peine la terre était-elle remuée que j’eus sous les yeux des lignes représentant un corps d’homme avec une tête d’animal et les mains ouvertes, comme sont, dans les monuments chrétiens, les fidèles en prière. Puis au-dessous, je mis à nu quelques lettres grecques, et à l’un des côtés, une figure purement humaine[2].

Ce graffito se trouve actuellement au Musée Kircher. Un homme à tête d’âne, vêtu d’une petite tunique, est attaché à une croix en forme de tau grec. À gauche de la croix se tient debout un personnage grossièrement dessiné qui semble faire le geste d’envoyer au crucifié le baiser d’adoration. Au bas du dessin on lit : Ἀλεξάμενος σέβετε (pour σέβεται) θεόν « Alexamène adore (son) Dieu. »

Garucci n’avait pas hésité à conclure que sa découverte fournissait « un monument précieux, qui confirme — disait-il — ce que nous savions touchant la calomnie païenne du crucifix et de la tête d’âne sauvage adorée par les chrétiens ». Cette interprétation a été combattue en 1898 par Wünsch, dans ses Sethianische Verfluchungstafeln aus Rom. Ayant eu l’idée d’examiner une cinquantaine de feuilles de plomb découvertes dans des sarcophages, en 1850, près de la voie Appienne et conservées au musée

  1. Annales de Philosophie chrét., t. LIV (1857), p. 101-118.
  2. Ibid., p. 107.