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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/208

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signalé l’illusion des critiques qui s’imaginent qu’Origène nous a conservé le pamphlet presque en entier[1].

En tous cas, les difficultés de ce passage des Synoptiques furent exploitées après Celse, dans la première moitié du iiie siècle, et nous voyons les meilleurs esprits de l’époque — du côté chrétien — s’efforcer de les résoudre.

Il semble que ces attaques aient pris deux formes différentes, inégalement redoutables.

a) En premier lieu, le σκότος, l’obscurité subite notée par les Évangélistes, fut rapportée comme à sa cause à une éclipse du type ordinaire. Il y aurait donc eu une simple coïncidence, qu’on faisait reproche aux évangélistes d’avoir exploitée.

Nous trouvons la réfutation de cette hypothèse dans un fragment grec publié après la mort de Galland, en 1780, dans l’Appendix Bibliothecæ Gallandianæ[2]. Ce texte est présenté comme appartenant au Commentaire d’Origène sur saint Matthieu. Mais comme il est en opposition directe avec certaines affirmations d’Origène (elles seront citées plus loin), dans une partie certainement authentique de ce même commentaire, l’attribution paraît plus que contestable.

Voici la traduction de ce morceau suspect :

Afin qu’on ne dise pas que ce qui s’est passé [durant l’agonie de Jésus] ne fut qu’une simple éclipse, le fait est survenu le quatorzième jour [de la lune], à un moment où il est impossible qu’une éclipse se produise ; et au milieu du jour, afin que tous les habitants de la terre vissent bien qu’il faisait jour dans toutes les parties de l’oikouménè.

  1. Voy. p. 117.
  2. Au tome XIV ; reproduit dans Routh, Reliq. sacrae, 2e éd., t. II, p. 479. Ce fragment figure aussi dans la Patrol. grecque, de Migne, t. 17, 309.