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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/211

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Nous connaissons leurs démentis par le trente-cinquième tractatus du Commentaire d’Origène sur saint Matthieu[1].

Cet exposé fort intéressant mérite d’être analysé de près. Origène s’en prend à des « calomniateurs » de l’evangelica veritas, qui s’inscrivent en faux contre l’idée que les dernières heures de la Passion aient été signalées par un tremblement de terre et une éclipse de soleil. Ses adversaires se placent délibérément au point de vue scientifique :

Ils disent que l’éclipse du soleil n’a pu se produire, alors, que dans les conditions où toute éclipse se produit. Or il y a éclipse quand la lune s’interpose entre la terre et le soleil. La Pâque se célébrant au moment où la lune est entièrement éclairée par le soleil et brille toute la nuit, comment imaginer une éclipse de soleil au moment de la pleine lune ?

À quoi, ajoute Origène, certains croyants, gênés par l’apparente rigueur de ces déductions, ont répondu que l’éclipse en question n’avait pas été une éclipse ordinaire, mais un phénomène miraculeux, comme les autres phénomènes concomitants[2].

Leurs contradicteurs[3] ont riposté en faisant observer qu’à ce prix les mémorialistes, soit chez les Grecs, soit chez les Barbares, n’auraient pas manqué de la relever.

Phlégon, dans sa Chronique, a écrit que le fait survint sous le principat de Tibère, mais il n’a pas indiqué qu’il se soit produit durant la pleine lune.

  1. Patrol. gr. 13, 1782. Ce Commentaire ne nous est venu, pour une large part, que dans une ancienne traduction latine.
  2. « Illa defectio solis consequenter, secundum caetera prodigia, nova contra consuetudinem facta est. »
  3. « Les fils de ce siècle » qui sont, remarque-t-il, « plus habiles entre eux que les enfants de la lumière » (Cf. saint Luc, xvi, 8).