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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/229

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directe avec les chrétiens. « Il n’y a pas dans les Ennéades, affirme J. Bidez[1], le moindre indice de malveillance pour le Christ et ses disciples. » On relève toutefois, dans le neuvième livre de la seconde Ennéade, celui qui est intitulé Contre les Gnostiques, des allusions indirectes, et peu favorables, au christianisme lui-même. Quels étaient ces gnostiques ? À quelle école se rattachaient-ils ? Carl Schmidt a pensé à une secte romaine, dont les origines devraient être cherchées du côté de la Syrie et de l’Égypte[2]. Mais Plotin — qui laissait volontiers à Porphyre et à Amelius le soin des controverses de détail[3] — en donne un signalement trop vague pour qu’on puisse déterminer avec précision le type particulier de ce groupe. Au surplus, ce qui importe, c’est de savoir si, sous couleur d’attaquer les théologiens gnostiques, Plotin aurait visé quelquefois les chrétiens. Carl Schmid le croit[4] et Joh. Geffcken l’admet également[5]. Quand Plotin gourmande ses adversaires de « mépriser le monde créé » et de prétendre « qu’il a été fait pour eux une terre nouvelle dans laquelle ils s’en iront, en sortant d’ici[6] » ; quand il leur reproche de s’intituler « les enfants de Dieu » à l’exclusion des autres hommes et de substituer au souci de l’ordre universel l’illusion égoïste d’une Providence qui ne s’exercerait qu’en leur faveur[7] ; quand il raille leur conception des maladies qu’ils prennent pour des « êtres démoniaques », susceptibles d’être chassés avec des formules, comme s’il était

  1. Op. cit., p. 69.
  2. Texte und Unters., N. F., 5 (1901), p. 36 et suiv.
  3. Porphyre, Vie de Plotin, § 16.
  4. P. 83 et suiv.
  5. Zwei griechische Apologeten, Leipzig et Berlin, 1907, p. 296.
  6. Ennéades, II, 9, 5 (trad. Bréhier, II, 115).
  7. Ibid., II, 9, 9 (p. 124).