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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/25

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III

Autant en dirons-nous (pour d’autres raisons) de la prétendue correspondance entre Sénèque et saint Paul, qui nous est venue en de nombreux manuscrits[1].

Elle se compose de huit courtes lettres de Sénèque et de six réponses plus courtes encore de Paul. Le contenu en est assez insignifiant. Ce sont surtout des politesses affectueuses qu’échangent le philosophe et l’Apôtre. Sénèque exprime à Paul la vive impression qu’il a éprouvée à la lecture des Épîtres, d’une substance morale si riche[2]. Il lui déclare que son ambition la plus chère, c’est d’être considéré comme un autre Paul[3]. Il n’a pas craint d’en lire quelques-unes à l’empereur, qui en a été très vivement frappé[4]. — Toutefois il se permet une réserve. Quel dommage que de si belles choses soient écrites en un style inégal à leur majesté[5] ! Il y a là un dédain exagéré des ornements purement littéraires ; et Sénèque invite Paul à montrer un peu plus de souci du bien-dire[6]. Çà et là, quelques allusions aux événements contemporains : par exemple, à la persécution consécutive à l’incendie de Rome[7].

Les réponses de saint Paul sont particulièrement ternes.

  1. Texte et trad. française dans Léon Vouaux, Les Actes de Paul et ses Lettres apocryphes, Paris, 1913, p. 332 et s.
  2. Ép. I : « …litteras mira exhortatione vitam moralem continentes. »
  3. Ép. XI.
  4. Ép. VII.
  5. Ép. VII : « Vellem itaque, cures et cetera, ut maiestati earum cultus sermonis non desit. »
  6. Ép. XIII.
  7. Ép. XII.