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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/26

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Il remercie Sénèque de ses impressions favorables. « Je m’estime heureux de l’appréciation d’un homme comme vous[1] ! » Il exprime des craintes au sujet de la petite indiscrétion que Sénèque a commise en faisant connaître à l’empereur ses écrits[2]. Mais il espère que le philosophe se constituera, à la cour impériale, le propagateur de l’indéfectible sagesse du Christ[3].

Dès la fin du ive siècle, saint Jérôme signalait, dans son De Viris illustribus (§ 12) l’existence d’une correspondance entre Sénèque et saint Paul. Il s’excuse d’introduire le nom de Sénèque, auteur profane, dans un catalogue réservé aux écrivains chrétiens, et fait valoir cette considération que, de son temps, beaucoup de gens lisent les lettres de Paul à Sénèque et de Sénèque à Paul.

On s’est demandé si la correspondance que nous possédons est bien celle à laquelle Jérôme fait allusion. Une raison sérieuse conseille d’accepter l’identification : Jérôme cite dans le même paragraphe une phrase extraite du recueil, laquelle se retrouve à peu de chose près dans notre lettre XI[4].

Mais une question se pose : comment l’auteur de cette prétendue correspondance a-t-il pu supposer que saint Paul ait écrit en latin, et non pas en grec ?

Car telle est évidemment son erreur. Autrement, il n’aurait pas eu l’idée de faire donner à Paul des leçons de

  1. Ép. II.
  2. Ép. VIII.
  3. Ép. XIV.
  4. « [Seneca] optare se dicit eius esse loci apud suos, cuius sit Paulus apud christianos. » Comp. Ép. XI : « Nam qui meus, tuus apud te locus, qui tuus, velim ut meus. »