Aller au contenu

Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lac de Tibériade par saint Matthieu, saint Marc et saint Jean, et y voit une exagération tendancieuse :

Ceux qui connaissent cet endroit rapportent qu’il n’y a point là de « mer », mais un petit lac formé par le fleuve au pied des montagnes de Galilée, près de la ville de Tibériade. De petites barques formées d’un seul tronc d’arbre le traversent aisément en deux heures : il ne peut s’y former ni vagues ni tempêtes. Marc a donc dépassé largement les limites de la vérité et a raconté une fable tout à fait ridicule[1].

Il s’agit ici de la tempête apaisée par le Christ[2]. Marc aurait dramatisé la situation pour faire croire que le Christ avait arrêté l’ouragan déchaîné et sauvé de l’abîme ses disciples.

C’est à ces histoires enfantines qu’on reconnaît que l’Évangile n’est qu’une scène sophistiquée[3].

Volontiers juxtaposait-il aussi les paroles à côté des paroles, les faits à côté des paroles, pour en souligner le désaccord. Dans saint Jean (VIII, 8), Jésus déclare à ses frères qu’il n’ira pas à la fête des Tabernacles ; or, il y monte tout de même (VIII, 10[4]). Il dit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps. » Pourquoi donc souhaite-t-il, alors, que sa passion s’éloigne de lui[5] ? Il dit encore : « Vous avez toujours les pauvres avec vous ; mais, moi, vous ne m’avez pas toujours » (Matth., XXVI, 36), et ailleurs : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles » (Ibid., XXVIII, 20[6]). Le Christ menace les pécheurs de

  1. Fragm. no 55. En fait, le lac de Tibériade a une superficie de 170 kilomètres carrés ; la profondeur est de 45 mètres au centre et elle atteint 250 mètres vers le bord méridional.
  2. Marc, IV, 37 et suiv.
  3. Σκηνὴν σεσοφισμένην.
  4. Fragm. no 70 : cf. saint Jérôme, Dial. adv. Pelag., ii, 17 (Patrol. lat., 23, 53)
  5. Fragm. no 62. Cf. Matth., X, 28, et XXVI, 39.
  6. Fragm. no 61.