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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/256

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Les apôtres n’étaient que des rustres et de pauvres hères[1]. Ils ont suivi le Christ comme ils auraient suivi le premier venu qui aurait su jouer de leur déraison[2]. Ils se prévalaient de leurs miracles. Est-ce donc chose si imposante que de faire des miracles ? Apollonius (de Tyane) en a fait, Apulée en a fait — et des quantités. Ces prodiges ont aidé les apôtres à obtenir de l’argent des femmes riches qu’ils dupaient[3]. Car ils abusaient eux-mêmes de la candeur et de l’inexpérience de ceux qui les écoutaient[4].

L’hostilité de Porphyre ne fait que s’aigrir, quand il vient à parler de saint Pierre et de saint Paul. C’est qu’il n’ignore rien de leur rôle au sein du christianisme primitif et du rayonnement de leur influence.

En ce qui concerne Pierre, l’importance de ses prérogatives n’avait pas échappé à ceux qui observaient du dehors la foi nouvelle[5]. On a lu plus haut l’allusion de Phlégon de Tralles et comment il avait confondu, en certaines mentions, saint Pierre et le Christ. Cette erreur même décèle le prestige dont le souvenir de Pierre restait entouré. — Il semble que Celse fasse allusion aussi à saint Pierre là où, raillant de son style coutumier la résurrection du Christ, il veut qu’elle n’ait été attestée que « par une femme hystérique » (πάροιστρος) et « par un autre encore de la même bande d’imposteurs, soit qu’il portât dans sa constitution personnelle une disposition à de telles chimères et que, sous l’in-

  1. Fragm. no 4
  2. Fragm. no 6.
  3. Fragm. no 4.
  4. Fragm. no 5.
  5. Voy. Harnack, Festgabe für Karl Müller, Tübingen, 1922, p. 1-6 ; Petrus im Urteil der Kirchenfeinde des Altertums ; K. G. Goetz, Petrus als Gründer und Oberhaupt der Kirche und Schauer von Gesichten nach den altchristlichen Berichten und Legenden (dans les Unters. zum Neuen Test., hsg. von H. Windisch, fasc. 13, Leipzig, 1927).