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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/258

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il voue ses gardiens à une mort certaine[1] ; il a toujours une femme qui l’accompagne[2]. « Cela fait frissonner de penser qu’un tel homme tient les clés du ciel, qu’il lie et qu’il délie[3]. » Comment Jésus a-t-il pu les lui confier ? Son attitude à l’égard de Pierre est incohérente et incompréhensible. Il le traite durement au point de l’appeler « Satan » et « scandale » ; et puis, comme s’il avait oublié ce qu’il vient de dire, il formule la déclaration : « Tu es Pierre,  etc.[4]. » « Ou bien, quand il l’appelait « Satan », Jésus était ivre et vaincu par le vin ; ou bien, quand il lui remettait les clés du royaume des cieux, il esquissait des songes, comme en suggère l’imagination pendant le sommeil[5]. »

La fin de Pierre a d’ailleurs été aussi piteuse que l’avait été sa vie. Le Christ avait dit : « Les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre lui[6]. » Et cependant « on raconte qu’après avoir fait « paître » ses brebis pendant quelques mois à peine, il fut crucifié[7] ».

L’acrimonie de Porphyre se fait encore plus âpre à l’endroit de saint Paul. Celse connaissait fort mal les épîtres pauliniennes et Origène n’avait pas manqué de s’étonner de cette ignorance singulière. Porphyre, lui, les a lues de près, et il y a puisé, pour l’apôtre des Gentils, des sentiments de particulière antipathie.

  1. Fragm. no 26.
  2. Ibid.
  3. Ibid.
  4. Fragm. no 23. Cf. Matth., XVI, 23 ; X, 16-18. On remarquera que Porphyre inverse l’ordre des faits.
  5. Ibid.
  6. αὐτοῦ. Sur cette leçon tout à fait exceptionnelle (au lieu de αὐτῆς, désignant l’Église), voy. Lagrange, l’Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1923, p. 327.
  7. Fragm. no 26. On ne sait où Porphyre a recueilli cette donnée sur la courte durée de l’épiscopat de saint Pierre.