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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/306

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Quel était ce doucereux sophiste, ce Tartufe onctueux et insinuant ? Nous n’avons aucun moyen de l’identifier. Lactance ne semble pas croire, d’ailleurs, que son élucubration ait beaucoup nui aux siens.

Il en va différemment de l’autre libelle. Celui-là, il le prend fort au sérieux, et il en souligne la documentation précise et redoutable. Nul doute qu’on ne doive reconnaître, dans le judex qui l’avait composé, ce Sossianus Hiéroclès qui est mentionné dans une inscription de Palmyre[1]. Nous pouvons le suivre dans quelques étapes de sa carrière. Il avait été d’abord vicarius (sans doute d’un des préfets du prétoire[2]), puis praeses, gouverneur de la province à laquelle Palmyre était rattachée[3], d’où il passa avec le même titre en Bithynie[4]. Lactance le considérait comme un des conseillers qui avaient le plus fortement agi sur Dioclétien pour le décider à une nouvelle persécution[5]. Hiéroclès devint peu après gouverneur de la Basse Égypte, et il s’y comporta d’une façon abominable, insultant les chrétiens qui lui étaient déférés, et livrant « les vierges saintes » à des tenanciers de maisons publiques. L’indignation causée par ses procédés fut telle qu’un chrétien du nom d’Ædesios le souffleta publiquement, le jeta par terre, le foula aux pieds en lui enjoignant d’y mettre

  1. Corp. Inscr. lat., II, 133 = III, 1661. Cette inscription dut être gravée entre le 1er mars 293 et le 1er mai 305. Elle commémore la construction d’un camp, à laquelle a présidé Sossianus Hiéroclès, vir perfectissimus, praeses provinciae.
  2. Lactance, De Mort. Persec., xvi, 4 (Corp. Script. eccl. lat., XXVII, p. 189, ligne 19).
  3. L’Arabia Libanensis, selon Mommsen.
  4. De Mortibus Persec., xvi, 4 (Brandt, p. 189).
  5. Voir le début du morceau traduit plus loin, et le De Mort. Persec., xvi, 4.